Le pain est un aliment de base de notre alimentation. Pourtant, sa fabrication industrielle s’accompagne souvent de la présence de nombreux résidus de pesticides potentiellement nocifs pour la santé. Cet article examine en profondeur la problématique des pesticides retrouvés dans le pain.
Utilisation de pesticides dans la culture du blé
La majorité de la farine utilisée pour la fabrication du pain est issue du blé. Or, la culture intensive du blé repose sur l’usage massif de pesticides :
- Herbicides pour désherber les champs : glyphosate, 2,4-D, dicamba, diflufenicanil…
- Fongicides pour combattre les maladies fongiques : époxiconazole, tébuconazole, prochloraze…
- Insecticides pour lutter contre les insectes : lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, pyréthrinoïdes…
Ces substances peuvent persister dans la plante et se retrouver dans les grains de blé, puis dans la farine et le pain final. D’autant plus que le blé fait l’objet de traitements intensifs pour augmenter les rendements.
Le cas du glyphosate
L’herbicide le plus utilisé dans le monde pour le blé est le glyphosate. Or, il est classé comme « cancérogène probable » depuis 2015. Des études ont détecté la présence de résidus de glyphosate dans des échantillons de farine de blé, à des taux parfois supérieurs aux limites légales.
Résidus de pesticides retrouvés dans le pain
De nombreuses analyses révèlent des résidus de dizaines de pesticides différents dans des échantillons de pain :
- Une étude de l’UFC-Que Choisir en 2018 a trouvé des traces de glyphosate dans 75% des pains de mie et 60% des baguettes analysés.
- En Allemagne, une analyse a montré la présence de 56 pesticides dans 98 échantillons de pain en 2019.
- Une étude canadienne de 2017 a détecté 21 pesticides dans le pain, avec en moyenne 4 à 5 résidus par échantillon.
Les pesticides les plus fréquents
Les molécules les plus souvent retrouvées dans le pain sont :
- Glyphosate (herbicide)
- Chlorpyrifos-éthyl (insecticide)
- Pyriméthanil (fongicide)
- Tébuconazole (fongicide)
- Boscalid (fongicide)
- Piperonyl butoxide (synergisant)
Des teneurs préoccupantes
Bien que les concentrations mesurées soient généralement faibles, l’ANSES estime que l’exposition alimentaire dépasse les limites toxicologiques pour certaines substances como le chlorpyrifos-éthyl et le boscalid.
Origine de la contamination
Les pesticides peuvent contaminer le pain à plusieurs stades :
- Lors de la culture du blé
- Lors du stockage des grains
- Lors de la mouture des grains en farine
- Par le traitement post-récolte des grains contre les insectes
- Par migration depuis les emballages
La majorité des pesticides proviennent des traitements réalisés dans les champs. Mais la mouture et le stockage accentuent la contamination.
Effets sur la santé
Plusieurs pesticides retrouvés dans le pain sont suspectés d’avoir des effets toxiques sur la santé humaine :
- Perturbateurs endocriniens (pyréthrinoïdes, époxiconazole…)
- Cancérogènes (glyphosate, chlorpyrifos…)
- Reprotoxiques (tébuconazole…)
- Neurotoxiques (chlorpyrifos…)
Ils peuvent notamment altérer le développement des enfants. Malheureusement, les autorités sanitaires ne disposent pas de données suffisantes pour évaluer les risques liés aux effets « cocktails » de ces substances.
Populations sensibles
Les effets sont particulièrement préoccupants pour les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants. Le pain étant un aliment de base, ces populations vulnérables y sont exposées quotidiennement dès le plus jeune âge.
Solutions pour réduire l’exposition
Il est possible de limiter sa contamination par différents moyens :
- Privilégier les pains biologiques
- Consommer des pains au levain et des pains fabriqués à partir de farines anciennes
- Acheter directement auprès de petits producteurs utilisant des circuits courts
- Consommer des pains à base de farines diverses (sarrasin, maïs, seigle…)
- Acheter des grains en vrac et moudre sa farine soi-même
Toutefois, seule une agriculture moins dépendante des pesticides permettra de garantir des pains vraiment sains pour tous.
Conclusion
Malgré son image d’aliment sain, le pain courant contient des résidus de dizaines de pesticides différents aux effets préoccupants. Une exposition chronique, en particulier pendant les 1000 premiers jours de vie, n’est pas souhaitable. Si des solutions individuelles existent, cette problématique de santé publique appelle avant tout à une remise en question en profondeur de notre modèle agricole et alimentaire actuel.
Sources :
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01633850/document
Les Points de vue d’Académiciens