La tomate est l’un des légumes les plus consommés dans le monde. Riche en vitamines, minéraux et antioxydants, elle présente de nombreux bienfaits pour la santé. Cependant, la culture intensive de la tomate nécessite souvent l’utilisation de nombreux pesticides chimiques pour lutter contre les maladies et ravageurs qui peuvent l’affecter. Or, certains de ces pesticides peuvent laisser des résidus dans les fruits et légumes traités, dont les tomates. Ces résidus, même à faible dose, peuvent présenter des risques pour la santé humaine, notamment s’ils ont des effets cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction ou s’ils agissent comme perturbateurs endocriniens.
Cet article propose de faire le point sur les principaux pesticides retrouvés dans les tomates conventionnelles, leurs dangers potentiels pour la santé, et les moyens de limiter son exposition à ces substances chimiques.
1. Les principaux pesticides retrouvés dans les tomates conventionnelles
Les analyses menées par différents organismes sur des échantillons de tomates conventionnelles, c’est-à-dire issues de l’agriculture intensive utilisant des pesticides de synthèse, révèlent la présence fréquente de résidus de plusieurs familles de pesticides.
1.1 Les fongicides
Les fongicides sont des pesticides utilisés pour lutter contre les maladies fongiques qui affectent les cultures. Dans le cas de la tomate, ils servent notamment à combattre le mildiou, l’oïdium, la cladosporiose, les pourritures grises ou encore la rouille. Les analyses montrent que l’on retrouve fréquemment des résidus de plusieurs familles de fongicides dans les tomates conventionnelles:
- Les dithiocarbamates, et plus particulièrement le mancozèbe, sont retrouvés dans environ 14% des échantillons analysés. Ces fongicides multisites à large spectre sont utilisés aussi bien en pré-semis, qu’en traitement des parties aériennes ou traitement après récolte.
- Les strobilurines, comme l’azoxystrobine, sont quant à elles détectées dans 12% des tomates testées. Cette famille de fongicides systémiques cible spécifiquement la respiration des champignons.
- On retrouve également fréquemment des résidus de boscalide (8%), une substance active de la famille des carboxamides, ainsi que du propamocarb (8%), de la famille des carbamates.
1.2 Les insecticides
Les insecticides servent à éliminer les insectes qui s’attaquent aux cultures de tomates. On retrouve souvent des résidus de plusieurs familles d’insecticides dans les fruits analysés:
- Les néonicotinoïdes, comme l’imidaclopride, sont présents dans 7% des échantillons. Ces insecticides systémiques sont notamment utilisés pour lutter contre les pucerons, aleurodes et autres insectes piqueurs-suceurs.
- Les pyréthrinoïdes de synthèse, comme la cyperméthrine (5%) ou la deltaméthrine (6%), sont fréquemment détectés. Ils servent à éliminer un large spectre d’insectes ravageurs tels que les doryphores, noctuelles, teignes, etc.
1.3 Les acaricides
Les acaricides sont destinés à lutter contre les acariens, comme les tétranyques par exemple, qui peuvent causer d’importants dégâts sur les cultures de tomates. Les analyses révèlent que le résidu d’acaricide le plus fréquemment retrouvé dans les tomates est le spiromésifen, une substance de la famille des tétroniques, dans 9% des échantillons.
2. Les dangers de ces pesticides pour la santé
Certains des pesticides fréquemment retrouvés dans les tomates conventionnelles présentent des risques avérés ou suspectés pour la santé humaine, risques qui sont régulièrement réévalués par les agences sanitaires nationales et internationales au fur et à mesure des avancées de la recherche scientifique.
2.1 Pesticides cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR)
Certains pesticides sont classés CMR par les autorités sanitaires car ils répondent à au moins l’un des critères suivants:
- Cancérogènes : ils augmentent la fréquence d’apparition de tumeurs malignes
- Mutagènes : ils augmentent la fréquence d’apparition de mutations dans les cellules
- Toxiques pour la reproduction : ils ont des effets néfastes sur la fertilité ou le développement du fœtus
On retrouve des résidus de pesticides CMR dans 23% des échantillons de tomates conventionnelles analysés. Les plus fréquents sont :
- Le mancozèbe, un fongicide de la famille des dithiocarbamates
- Le propamocarb, un fongicide de la famille des carbamates
- Le boscalid, un fongicide de la famille des carboxamides
L’exposition chronique à de faibles doses de ces substances via l’alimentation pourrait favoriser l’apparition de certains cancers ou malformations congénitales.
2.2 Perturbateurs endocriniens
Certains pesticides sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Il s’agit de substances chimiques capables d’interférer avec le système hormonal et d’entraîner des effets délétères sur l’organisme. On les soupçonne notamment d’être impliqués dans l’augmentation de certains cancers hormono-dépendants (sein, prostate, testicule), la baisse de la fertilité masculine, ou encore les cas de puberté précoce chez les enfants.
57% des échantillons de tomates conventionnelles contiennent des résidus de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Il s’agit notamment de :
- L’imidaclopride, insecticide de la famille des néonicotinoïdes
- La deltaméthrine et la cyperméthrine, insecticides de la famille des pyréthrinoïdes de synthèse
- Le propamocarb, fongicide de la famille des carbamates
2.3 Effets cocktails
La majorité des études d’toxicité des pesticides sont réalisées substance par substance. Or, les analyses révèlent que 33% des tomates conventionnelles contiennent des résidus de plusieurs pesticides différents. On parle alors d' »effets cocktails ».
Les conséquences de ces mélanges chimiques sont encore mal connues, mais pourraient s’avérer bien plus nocives que les effets additionnés de chaque substance prise isolément. En effet, certains pesticides ont des modes d’action similaires et pourraient potentiellement se potentialiser entre eux. D’autres sont suspectés d’avoir des effets additifs ou synergiques défavorables pour la santé.
Il est donc préférable de limiter autant que possible son exposition à ces cocktails de résidus de pesticides aux effets incertains.
3. Comment limiter son exposition ?
Plusieurs moyens existent pour limiter l’exposition de la population générale et des enfants en bas âge en particulier à ces résidus de pesticides potentiellement dangereux.
3.1 Consommer des tomates biologiques
Privilégier autant que possible les tomates issues de l’agriculture biologique, dans laquelle l’utilisation des pesticides de synthèse est strictement encadrée et limitée. Les résidus y sont moins fréquents et généralement à des doses plus faibles. Cependant, des contaminations accidentelles par la dérive de pesticides utilisés sur des parcelles voisines conventionnelles sont possibles.
3.2 Bien laver les tomates conventionnelles
Pour les tomates conventionnelles, un lavage soigneux permet d’éliminer une partie des résidus présents à la surface du fruit. Cependant cette mesure est insuffisante concernant les substances systémiques qui imprègnent la chair du fruit.
3.3 Peler les tomates conventionnelles
Le pelage des tomates conventionnelles permet de diminuer en moyenne de 30% l’exposition aux résidus de pesticides. En revanche, cette pratique fait aussi disparaitre une partie des nutriments présents dans la peau.
3.4 Varier son alimentation
En variant le plus possible les fruits et légumes que l’on consomme, on limite les apports en résidus d’une même substance via l’alimentation. Cette stratégie permet aussi de bénéficier d’un large spectre de micronutriments essentiels.
3.5 Éviter les tomates hors saison
Les tomates hors saison, produites sous serre chauffée, nécessitent davantage de traitements phytosanitaires. Il est donc préférable de consommer les tomates de saison, en plein champ et avec modération le reste de l’année.
Conclusion
De nombreuses analyses révèlent que les tomates conventionnelles, cultivées de manière intensive, présentent fréquemment des résidus de divers pesticides chimiques. Or certains de ces composés ont des effets suspectés ou avérés sur la santé humaine : cancérogénicité, perturbation endocrinienne, toxicité sur la reproduction, etc. Privilégier les tomates issues de l’agriculture biologique est un bon moyen de limiter son exposition, surtout pour les enfants et les femmes enceintes. Rincer, peler, varier les apports et respecter la saisonnalité sont aussi des mesures recommandées pour réduire les risques liés à ces résidus.
Source :
https://www.quechoisir.org/comparatif-observatoire-des-pesticides-n98916/tomate-p254212/
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