L’utilisation intensive de pesticides en viticulture laisse des traces importantes dans le vin, aliment transformé de haute valeur. Pourtant, ce vin reçoit peu de contrôles dans le cadre des programmes de surveillance alimentaire nationale. Cet article montre que le vin, issu majoritairement de l’agriculture conventionnelle intensive, contient de nombreux résidus de pesticides dangereux pour la santé.
La contamination du vin par les pesticides
Une utilisation intensive de pesticides en viticulture conventionnelle
La vigne ne représente que 3,5% de la surface agricole de l’UE, pourtant elle reçoit environ 15% des pesticides utilisés, avec une intensité d’utilisation de 21,4 kg de substance active par hectare. Les raisins sont traités avec 4,7 kg de fongicides de synthèse par hectare, plus que toute autre culture. Parmi ces fongicides, on trouve des substances comme le mancozèbe et le manèbe, classés cancérigènes et perturbateurs endocriniens par l’UE.
Une contamination élevée du raisin
Le raisin fait partie des fruits les plus contaminés par les pesticides. 57% des échantillons testés dans l’UE contiennent des résidus, et certains contiennent jusqu’à 10 résidus différents. Les substances les plus fréquemment retrouvées sont des fongicides comme la procymidone, classée cancérigène, reprotoxique et perturbateur endocrinien.
Un transfert important des pesticides du raisin au vin
Une étude du ministère français de l’agriculture a montré qu’en moyenne 30% des pesticides présents dans les raisins sont transférés au vin. 15 pesticides ont été identifiés comme systématiquement transférés, dont 7 présentent des dangers spécifiques pour la santé. D’autres études aux Pays-Bas et au Royaume-Uni confirment ce transfert.
Des résidus retrouvés dans tous les vins conventionnels testés
Une analyse menée dans 8 pays producteurs de vin conventionnel a montré que 100% des échantillons contenaient des résidus, avec une moyenne de 4 substances par vin. Certains contenaient jusqu’à 10 résidus. Les niveaux retrouvés sont jusqu’à 5800 fois supérieurs aux limites autorisées pour l’eau potable.
Des résidus qui présentent des risques avérés pour la santé
Parmi les 15 résidus retrouvés, beaucoup sont classés comme dangereux par diverses agences sanitaires:
- Cancérigènes possibles ou probables: procymidone, iprodione, oxadixyl, vinclozoline
- Perturbateurs endocriniens: procymidone, manèbe
- Toxiques pour le développement ou la reproduction: procymidone, carbendazime
- Neurotoxiques: fenitrothion
Ces pesticides ne sont pas sans conséquence sur la santé des consommateurs et des travailleurs agricoles.
Effets sur la santé des consommateurs
La présence de ces résidus dans le vin peut avoir des effets néfastes à long terme:
- Risques accrus de cancers (cérébraux, vessie)
- Atteintes du système nerveux: maladies de Parkinson et d’Alzheimer
- Troubles de la reproduction et du développement
- Perturbations endocriniennes
Effets sur la santé des travailleurs agricoles
Les travailleurs viticoles manipulant ces pesticides voient également leur santé affectée :
- Diminution des capacités intellectuelles et cognitives
- Risques accrus de cancers (cerveau, vessie, prostate)
- Troubles respiratoires et allergiques
Ces risques sont aggravés par une utilisation fréquente insuffisamment protégée. Les équipements de protection individuelle sont peu adaptés aux fortes chaleurs et au travail physique intensif.
La garantie de vin sain avec l’agriculture biologique
A l’inverse, les vins biologiques testés ne contenaient pas de résidus, à une exception près expliquée par la dérive de traitements voisins. L’agriculture biologique prouve qu’il est possible de produire du vin de qualité sans recourir à l’épandage massif de produits chimiques dangereux.
Des rendements viables
Malgré des rendements inférieurs, les vignes conduites en agriculture biologique permettent une récolte suffisante pour vinifier et commercialiser le vin. La baisse de rendement est compensée par la meilleure valorisation des vins et par les économies en intrants chimiques.
Une qualité gustative supérieure
De nombreux dégustateurs s’accordent à trouver les vins biologiques plus complexes, équilibrés et fidèles à leur terroir. L’absence de résidus chimiques permet aux subtilités du vin de mieux s’exprimer.
Un respect de l’environnement
L’agriculture biologique préserve les sols, l’eau et la biodiversité en prohibant les produits chimiques de synthèse. Elle participe à la protection des écosystèmes et à la reconquête d’une nature vivante.
Conclusion
Cet article a montré que l’utilisation intensive de pesticides en viticulture conventionnelle conduit à la présence de nombreux résidus dans le vin, dont beaucoup présentent des dangers avérés pour la santé humaine. Il est urgent d’accompagner la transition vers des pratiques plus saines et respectueuses de l’environnement, dont l’agriculture biologique a montré la viabilité. Les politiques publiques doivent encourager et soutenir ce changement nécessaire, pour le bien des producteurs, des consommateurs et de la planète.
Source :
https://journals.openedition.org/vertigo/9197
https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2017/05/rapport_vin_pesticide_fr.pdf